Le Musée des Passages

Un musée vivant, créé par celles et ceux qui traversent le monde

Le Musée des Passages est né d’une volonté simple mais essentielle : offrir un espace d’expression aux personnes en exil et aux habitants qui les accueillent, afin que leurs histoires, leurs cultures et leurs trajectoires trouvent une place, une voix, un écho. Coordonné par la Pangée, en partenariat avec ChapitÔ et le CAES France Horizon, ce projet participatif bouscule les codes traditionnels du musée. Ici, ce ne sont pas des experts qui décident de ce qui mérite d’être exposé, mais celles et ceux qui portent en eux des récits, des objets, des traditions et des souvenirs à partager.

Un musée qui appartient à ceux qui le créent

Dans une démarche profondément collaborative planifiée sur près de 7 mois, plus de 70 participants, en majorité des personnes en demande d’asile, ont contribué à façonner ce musée à travers des ateliers artistiques et des échanges interculturels. Chaque objet, chaque mot, chaque création exposée témoigne d’un vécu personnel et collectif, qu’il s’agisse d’une recette transmise de génération en génération, d’un poème évoquant l’exil, d’un dessin chargé de mémoire ou d’un chant ancestral.

Une nouvelle manière de raconter l’histoire des passages

Les musées sont souvent des lieux où l’on raconte l’Histoire avec un grand H. Le Musée des Passages, lui, se veut un lieu où l’histoire individuelle rencontre l’histoire collective. Il explore les notions de passage, de transmission et de transformation, mettant en lumière la richesse des trajectoires migratoires et le tissage des identités culturelles. Ici, chaque contribution témoigne d’un déplacement, d’un lien entre un avant et un après, entre un ici et un ailleurs.

Un espace d’émancipation et de dialogue

Le projet repose sur des valeurs fondamentales : l’inclusion, en donnant la parole à celles et ceux qui n’ont pas souvent leur mot à dire ; la co-construction, en permettant aux participants de décider ensemble de la forme et du contenu du musée ; la création artistique comme outil d’expression, en faisant dialoguer les arts visuels, la littérature, la musique et l’oralité ; et enfin les échanges interculturels, en valorisant la diversité des récits et des parcours.

Le Musée des Passages ne se fige pas dans une seule exposition : il évolue au fil des contributions et des rencontres. Chaque édition s’enrichit de nouveaux témoignages et de nouvelles créations, faisant de cet espace un musée vivant, où les voix des exilés et des habitants résonnent ensemble.

En valorisant les signifiants culturels de chacun, ce projet invite à changer de regard sur l’exil et les migrations, et à considérer ces passages non comme des ruptures, mais comme des ponts qui relient les peuples et les histoires.

Une dynamique collective et émancipatrice

Le Musée des Passages s’est enrichi grâce à la participation active de l’association étudiante MEMO’ART, qui a rejoint le projet pour animer des ateliers et co-créer de nouveaux dispositifs d’échange et de transmission. En intégrant leur expertise en médiation culturelle et en histoire des arts, les membres de MEMO’ART ont contribué à diversifier les approches et à renforcer la dimension participative du projet.

En plus des ateliers artistiques, des temps informels ont été organisés pour favoriser les rencontres et créer des liens au-delà des frontières linguistiques et culturelles : un tournoi de football, moment de partage et de convivialité, ainsi qu’une visite de la ville de Bordeaux, permettant aux nouveaux arrivants de mieux comprendre leur environnement et de s’approprier l’espace urbain.

Portée par la richesse de celles et ceux qui la font vivre, la Pangée représente une mosaïque de voix, de langues, de parcours, de compétences, de métiers et d’horizons. Ancrée dans une dynamique de projets interculturels, l’association crée sans cesse des passerelles entre les dispositifs qu’elle coordonne et qu’elle accompagne. C’est dans cet esprit que nous avons intégré les participants à d’autres activités de l’association, favorisant ainsi une véritable inclusion par la pratique collective : ateliers de couture, participation au défilé interculturel Des Fils et des Mains, organisation de carnavals, contribution au festival la Voie des Peuples. Ces ponts entre les projets permettent non seulement de valoriser les savoir-faire et les récits de chacun, mais aussi de tisser des liens durables entre les personnes et les communautés.